Bron: FelixArchief nr. 1968#362
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de ‘d’aris
Toute la mode en 24 pages richement illustrées des plus beaux modèles de Paris, Londres et New-York: voilà ce que nous offre Les Jolies Modes, le bel album mensuel édité par la maison J. Felix, de Bruxelles.
Disons surtout l’élégante simplicité de ces 100 modèles, se distinguant aussi par le goût et le sens pratique qui présidèrent à leur élaboration. Dans ce choix de manteaux d’été et de tailleurs, de robes de soirée, de promenade ou d’intérieur, de chapeaux de toutes formes et de toutes nuances, de toilettes de jeunes filles et d’enfants, d’élégantes lingeries, enfin dans cet assemblage -choisi de tout ce qui est création des meilleurs couturiers, modistes et lingères, nos lectrices ssiront trouver ce qui s’harmonise le mieux avec la personnalité de chacune.
Les Jolies Modes aident la femme de Belgique à se parer, à se faire aimer, à plaire.
Cet album se vend 1 fr.50, qu’il suffit d’envoyer par mandat-poste à l’adresse ci-jointe:
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Pour tout ce gui concerne l’Administration, la Rédaction, la Publicité de CINH-RBVUH, s'adresser a P Éditeur, M. J. MB U WISS UN, ÎO et 12, rue Charles De Coster. — Téléphone L. 1678.
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Editeur: J. MEU WISSEN, rue Charles De Coster, 70 et 72, Biuxelles. — Téléphone 37678
La petite orpheline de Dans Bruges-la-Morte nous a promis sa visite. A l'heure dite, le timbre sonne et la gracieuse interprète de M. Paul FIo n s'encadre dans notre seuil, accompagnée de M. de Valeriola. L’aimable directeur des Grandes Éditions Cinématographiques nous présente la sémillante artiste, et, après de cordiaux shake-hand, commence cette conversation tant attendue et au cours de laquelle nous espérons interviewer MHe Christy.
Dix-huit ans, le teint très clair, le front un peu rêveur que corrige le regard éveillé, ombragé de grands cils, et le carmin d'une bouche menue. Et
c’est tout de suite par un mot pittoresque que Suzanne Christy satisfait notre curiosité: « Je suis Bruxelloise... une petite paysanne dUccle »: plût au ciel que ce grand faubourg produisît beaucoup de pareilles petites bergères, comme tombées d’un délicat Watteaul
Mais notre inexorable interrogatoire doit suivre son cours, puisque aussi bien les mots sont inhabiles à décrire tant de grâce jeune; et que, d'ailleurs, les photos, obligeamment mises à notre disposition, donneront quelque idée de la photogénie de notre aimable interlocutrice.
Suzanne Christy nous apprend qu'elle tourne, aux côtés de MM. Martin et Tellier, un scénario conçu par le réalisateur même, M. Flon. C’est le récit très sentimental d'une orpheline, aimée de deux jeunes hommes, le premier n’osant. se déclarer par timidité, l’autre — infirme — par honte. Ce ne sera qu’en finale, quand elle est prête à prendre le voile, que la pauvrette entendra les aveux du premier de ses soupirants.
Ces notes trop brèves ne peuvent évidemment donner qu’un pâle reflet de l’intérêt présenté par ce thème; ce qui ajoute à la beauté de l’œuvre, ce sont les décors naturels, pris dans nos vieilles villes flamandes et au château de Gaesbeek. Les extérieurs sont d’ores et déjà achevés, les intérieurs seront tournés au studio de M. de Kempeneer, à Machelen-lez-Vilvorde. Pour cet hiver encore, les positifs doivent être projetés à l’écran. M. de Valeriola nous nomme la très grande firme américaine qui acquerra l’œuvre et l’exploitera des deux côtés de l'Atlantique: mais cela doit encore rester un secret, paraît-il...
Il y a quelques mois seulement que Mlle Suzanne Christy s'aventura dans les studios. Ce qui l’y porta, ce fut moins une vocation ressentie que ses goûts pour toute expression d’art. Musicienne et maniant quelque peu palette et crayon, est-il étonnant que ses désirs se soient cristalisés sur les images animées?
Quand notre charmante artiste eût fait part de ses projets aux siens, ceux-ci n’empêchèrent point
Le Centenaire de Pasteur
l'éclosion de son talent. Et les séances de prises de vues marchèrent bientôt à merveille. Des réalisateurs français,
Reynholds et Roussel, y assistèrent parfois et confirmèrent la bonne inspiration qu’avait eue M. Flon en engageant « la petite paysanne d’Uccle ».
Il ne paraît, d'ailleurs, pas improbable que prochainement,
Mûe Christy tourne sous la direction de l’un ou l'autre de ces maîtres de l’écran français; à moins que notre aimable vedette ne donne suite à certains projets, assez téméraires à notre sens, et ne s’occupe elle-même, avec M. de Valeriola, de mise en scène et d’adaptation.
Les goûts artistiques de MUe Christy, qui nous paraît posséder déjà un important bagage intellectuel, lui font surtout admirer, en littérature.
Loti, Farrère et les auteurs « exotiques »; en musique, De Bussy; en art cinégraphique, tous les bons auteurs et leurs interprètes de talent. Elle nous cite parmi la pléiade de ses préférés, Huguette Duflos, Eve Francis, Griffith et surtout Nazimova: c’est son idole!
— Pas de fétiche. Mademoiselle, comme toute star qui se respecte?
— Oh si! mon Teddy-bear, mon autre idole; c’est une petite chose toute menue et hérissée de poils de soie, et dont le museau déjà se carmine drôlement... car je l’embrasse tant de fois, les lèvres rougies!
Et sur cette amusante gaminerie, nous quitte l’aimable visiteuse; elle se hâte vers le studio immense de Machelen, qui abrite unè de celles dont demain le nom aura peut-être la célébrité de son exemple et son idole, la belle, talentueuse et sculpturale Nazimova! MARNIX.
La France se prépare à fêter avec éclat le center, naire de Pasteur. A cet effet, une exposition de l’Hygiène et de l’œuvre Pasteurienne est organisée à Strasbourg.
De plus, avec l’appui des Pouvoirs Publics, de la ville de Paris, de la ville de Strasbourg, de diverses Municipalités et des Universités, MM. Jean Benoît-Levy et Tellier ont commencé la réalisation d'un film officiel sur la vie et l’œuvre du grand savant qui fut le fondateur de la pathogénie microbienne.
Ce film, que met en scène M. Jean Epstein, d’après un scénario de M. Epardaud, établi en étroite collaboration avec la Famille Pas- teur et le docteur Roux, directeur de l’Institut Pasteur, à Paris, ne se bornera pas à donner une vision des faits marquants, ou simplement anecdotiques de la vie du grand savant, mais il exposera, en le vulgarisant, l’essentiel de toute son œuvre scientifique.
Les bienfaisantes expériences de Pasteur ont été reconstituées sur les lieux mêmes où elles furent réalisées pour la première fois. Un grand nombre de scènes, ont été exécutées dans les Laboratoires de l'Institut Pasteur, à Paris, en étroite collaboration avec le docteur Roux. Tout a été mis en œuvre pour que ce film considérable ait un caractère de vérité absolue et soit vraiment digne de l’œuvre du plus populaire des grands esprits scientifiques du XIXme siècle. '
Dessins de décors du Courrier de Lyon.
Nous sommes heureux de pouvoir donner à nos lecteurs la primeur des impressions de M. J. F. Martial, un sujet de la nouvelle adaptation française L’Affaire du Courrier de Lyon. Notre correspondant tourne lui-même sous les ordres du talentueux réalisateur, et est donc des mieux placé pour nous renseigner sur le travail du maître. On en iugera par les lignes qui suivent, écrites spécialement, entre deux prises de vues, pour les lecteurs de Ciné-Revue.
M. Léon Poirier réalise la mise en scène à l’écran de U Affaire du Courrier de Lyon. Nul n’était plus qualifié que cet érudit, cet homme de goût, pour mener à bien une telle œuvre.
J’avoue cependant que lorsque fut connu le nom du réalisateur du Courrier de Lyon, j’ai été un peu surpris.
Comment! l’homme de La Tranche de vie, le réalisateur du .Penseur, de Narayama, de Jocelyn, le fin pyschologue qui a voulu chercher et qui a trouvé les personnages de ses films, qui a su leur faire extérioriser leurs sentiments; cet homme allait animer un film romanesque populaire et par conséquent commercial? «
Rompait-on avec la tradition qui veut qu’un film commercial soit trop souvent dénué d’intérêt, vide de sens, agrémenté seulement de choses invraisemblables?
Comprendrait-on que l’art peut être populaire et que le grand public peut s'intéresser à autre chose qu’à des spectacles de mauvais goût?
Un grand bon point alors, si on a donné au metteur en scène les moyens de réaliser l’œuvre...
Le ciné-roman à deux centimes la ligne a vécu.
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C?oquis qui servit à reconstituer le cadre de L'Affaire du Courrier de Lyon.
PIANOS RON1SCH
MICHEL MATTHYS
16, Rue de Stassart, BRUXELLES
Téléphone: 152.92
Le public, le vrai, celui des cinémas populaires en a assez de la technique d'il y a dix ans; en a assez de l'à peu près. Enfin, dans un film, une succession d'images, une succession de grimaces ne suffisent plus. Il faut y apporter dé l’érudition, de la documentation.
Je n’ai pas vu un mètre de ce film, mais je sais quels artistes ont été engagés; je sais que les décors sont une reconstitution exacte de l’époque: des rues entières ont été tracées.
Les costumes, les tentures, les étoffes, les mille choses indispensables ont été choisies par Madame Poirier, femme d’un goût très averti.
Je ne puis donner ici un résumé du film, ignorant le découpage de Léon Poirier; ce que l’on peut dire déjà, c’est qu’il n’est nullement inspiré du mélodrame célèbre mais fantaisiste intitulé Le Courrier de Lyon. La documentation historique a servi de base au réalisateur, ce qui ne l’a pas empêché, bien entendu, de donner libre cours à son imagination; il a su conserver au récit l’allure d’une chronique dont je donnerai ici simplement un aperçu succinct:
« Le 8 floréal an IV (1796) la diligence faisant le courrier de Paris à Lyon était attaquée sur la route de Melun, à Lieusaint. 8,500,000 livres, solde des soldats du général Bonaparte, étaient volés et deux hommes assassinés.
» Lesurque était arrêté victime d’une ressem-blance, disait-il. Le verdict fut impitoyable. Lesurque fut condamné à mort et sa tête tomba sur l’échafaud le 8 brumaire an IV.
» La société s’était-elle vengée ou une erreur judiciaire avait-elle été commise?... »
De ce drame vécu qui avait passionné l’opinion publique, MM. Moreau-Giraudin et Delacroix ont tiré la pièce dont j’ai parlé plus haut et qui fut créée avec succès au théâtre de la Gaîté en 1850.
Le double rôle de Lesurque et de son sosie Dubosc, créé sur la scène par M. Lacressonnière, sera interprété à l’écran par M. Roger Karl, et nous savons que pour lui le passé répond de l’avenir F. MARTIAL BOULOGNE.
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dans L'Affaire du Courrier de Lyon.
c’est, tout en soutenant un journal utile> faire un bón placement, une bonne affaire.
Une bande cinématographique américaine; un film des « Artistes Associés »; une production avec Douglas pour principal interprète; ces facteurs connus, il serait oiseux de dire que nous assisterons à un spectacle bien conditionné en tous points. Les « United Artists » (Griffith, Mary Pickford, Chaplin et Fairbanks), ne nous ont-ils pas habitués à d'impeccables productions? Cette fois encore, Doug a été égal à lui-même, aussi acrobate que Zorro, aussi amusant que Sa Majesté l’Américain, aussi artiste que « Robin Hout ».
Parlons plutôt du scénario de ces Cauchemars et Superstitions, et donnons en d’abord un aperçu au lecteur:
Le Docteur Metz, professeur des sciences occultes, conçoit le projet criminel de sacrifier, dans l’intérêt de la science, une vie humaine afin de pouvoir étudier le cerveau de l’homme. Il a jeté son dévolu
sur Daniel Brown, son voisin, et expérimente depuis déjà trois mois sur lui, à son insu. Ce jeune homme jouit d’une santé excellente, il est plein d’entrain et d’une bonne humeur et répand autour de lui la joie et la gaieté.
Afin de détruire l’équilibre pourtant si sain de Daniel, le docteur lui inocule les germes déprimants de la peur, de l’ennui, de la superstition et de la jalousie au moyen d’une intensive et discrète campagne de suggestions mentales.
Pour activer le résultat de ses expériences, le docteur fait absorber à Daniel des aliments indigestes destinés à le priver de sommeil et à lui donner de terribles cauchemars. Daniel devient nerveux et irrité, si bien que, son oncle Curtis Brown, coulissier en Bourse, mécontent de l’inactivité de son neveu, le renvoie de sa maison. Le! docteur est satisfait. Des détectives à sa solde le
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tiennent au courant des faits et gestes du jeune homme. Daniel est devenu ce qu’il souhaitait: un terrain propice à toutes les expériences de suggestion et de télépathie. De son côté, notre héros, très superstitieux par terrfpérament, croit devoir son renvoi à l'influence néfaste d’une bague d’opale et, pour s’én débarrasser, sans pour cela qu’elle nuise à autrui, il se rend au parc pour l’y jeter. Il lance le bijou au loin, mais celui-ci tombe aux pieds de Lucette Bancroft, jeune artiste peintre. Lucette ramasse la bague, mais la rejette aussitôt s’apercevant qu’elle est ornée d'une opale. Les deux jeunes gens se prennent bien vite d’amitié, attirés l’un vers l'autre par ce lien commun: la superstition.
Mark Drake, maire sans scrupules d'une petite ville d’Oklahoma, arrive à New-York pour vendre une propriété qui lui appartient par
moitié avec le père de Lucette. Il s’est rendu dans cette ville afin de proposer à Curtis Brown d’acheter cette propriété en laissant ignorer à Bancroft la valeur réelle du terrain. Curtis doit faire l’achat à très bas prix, commencer à exploiter la nappe pétrolifère, après quoi Mark Drake sera propriétaire de moitié dans l’exploitation. Un contrat est signé entre les deux complices, mais pour se mettre à l’abri de tout soupçon, Curtis Brown propose d'envoyer son neveu Daniel traiter l’affaire.
Sans se douter qu’il va être l’instrument d’un complot, Daniel accepte volontiers de partir dans l'Ouest.
10 Enthousiasmé de son double succès en amour comme en affaires, il propose à Lucette de partir dans l'Ouest, ce que Lucette accepte volontiers. Mais le docteur a soigneusement observé le changement heureux survenu chez Brown sous l’influence du succès et du bonheur; le jeune homme a retrouvé son entrain et sa gaieté. A force de ruse, Metz parvient à amener dans une fête donnée par Daniel et qu'il appelle * son mariage par surprise »,J’oncle Curtis et Make Drake. Grâce à un certain liquide qu’il introduit dans les vins, la réunion se termine par une bataille, les convives s’enfuient tous et Mark qui a aperçu Lucette lui raconte que Brown partait pour Oklahoma dans le but de spolier son père, ce qui brise le cœur de la jeune fille; elle part donc avec Mark pour regagner sa ville natale. Daniel perd à nouveau sa situation. Lucette est partie! Croyant que tout est néant ici-bas, il pense qu’il ne lui reste plus qu’à mettre fin à ses jours... Au moment où il va faire usage du révolver, mis avec intention dans sa poche par le Docteur Metz, son oncle arrive a temps pour empêcher le suicide. Pendant qu’ils discutent, l'ambulance d'un asile d’aliénés arrive sur les lieux et les gardiens s'emparent du Docteur Metz qui se cachait dans le voisinage pour suivre le résultat de ses expériences...l’éminent docteur n’étant lui-même qu’un fou échappé.
Maîtrisant son désespoir, Daniel décide de rejoindre Lucette. Il la voit disparaître sur un bateau passeur reliant la ligne de chemin de fer à l’autre rive du fleuve. Daniel saute d’une jetée sur un bateau en marche, arrive ensuite à la ligne de chemin de fer et voit le train partir. Il s'élance d'un wagon sur le train filant à toute allure et parvient à rejoindre Mark et Lucette. Usant d’un subterfuge, il fait enfermer Mark dans un compartiment, s’empare du contrat prouvant sa duplicité et son complot pour ruiner Bancroft. Lucette cependant s’est enfermée et fait la sourde oreille à toutes les supplications de Daniel.
A Milford, la digue sur laquelle doit passer le train se rompt, l’inondation s'ensuit, brisant et emportant tout sur son passage. Lucerte et Daniel sont entraînés par le courant dans des directions opposées. Pendant cette nuit terrible, Daniel sauve beaucoup d'existences mais ne trouve aucune trace de Lucette. Quand, à l’aurore, l’inondation s’est un peu calmée, nous retrouvons Daniel perché au haut d’un arbre et scrutant l’horizon, tandis que Lucette passe devant lui sur le toit fllottant d’une maison. Daniel, sans hésiter, se jette à la nage et parvient
à la rejoindre. Il lui montre le contrat. Lucette qui n’a cessé de l’aimer se remet bien vite avec lui, el tandis que les deux fiancés goûtent les joies de se retrouver, l’inondation envoie vers eux un pasteur réfugié sur le clocher de son église. Daniel, désireux de ne plus perdre un instant pour s’unir à celle qu’il aime, saute avec elle de la maieon à l’église et supplie le pasteur de les marier. Comme ils n’ont pas d'alliance, celui-ci leur prête une bague « avec une opale » en leur affirmant qu’il est absurde d’être superstitieux!... et sur cette alliance improvisée ils font serment de ne plus croire aux fétiches.
Scénario sans prétention, mais non sans attrait. Doug, l’unique, sait l’animer à souhait, aidé par
des collaborateurs, de choix, ar tistes de ta-lent, quoique leurs noms ne nous soit point familier.
Disons en conclusion, que la technique du film, la photo et les décors sont du dernier réussi, comme en font foi les photos tirées de de la production, et qui servirent à l’illustration de nos pages.
EMKA.
AMÉRIQUE
Encore un écho des studios californiens, que nous extrayons de f amusante chronique hebdomadaire, signée Ferry-Pisani, dans « Cinéa ».
En Amérique, la première référence exigée d’un candidat à un rôle, c’est qu’il représente exac.ement à la ville le type du personnage à jouer sur la scène. Le traître sera né avec la face du traître; l’obèse sera obèse sans l’addition de tampons d’ouate; défendu l’usage de ces perruques qui rajeunissent ou vieillissent à volonté; un personnage de cent ans ne sera joué que par un centenaire; la moustache exigée par le rôle aristocratique sera naturelle et la calvitie de même; sous le feu des rampes new-yorkaises, un vrai Français incarnera les Français; un vrai Chinois les Chinois,; c’est tout juste si l’on permettra à l’ivrogne de la comédie de mettre clandestinement de l'eau dans son whisky durant la scène d’alcoolisme.
Quand on a lu
Ciné-’Revue
on ne la jette pas (l’un geste distrait, on l’emporte chez soi.
Tandis que les Sjostrom, les Wiener, les Lher-bier cherchent dans la stylisation de la représentation cinégraphique la vraie formule de l’image animée, en reportant à l’écran ces méthodes expressionnistes en honneur depuis quelques vingt ans dans les arts plastiques et picturaux; d’autres cinéastes fervents, et parmi eux des maîtres qui assistèrent à l’éclosion des premières bandes projetées, ou aidèrent au développement primitif de 1 invention magique, s'en sont tenus au perfection-( sment des moyens par lesquels l'image animée mériterait un jour pleinement son appellation de « Miroir de la vie ».
Nous avons vu que, dans cet ordre d’idées et de faits, les efforts les plus remarqués furent dus à la science technique française; nous avons montré, au cours de précédentes chroniques, que le film parlant, les couleurs naturelles et le relief à /'écran, ces trois facteurs de perfectionnement du film, étaient en bonne voie de réalisa-1 sation. Dans ces mêmes
colonnes, en effet, l’auteur de ces lignes présenta Faust, œuvre adaptée selon, le procédé Parolini; puis
une causerie, traitant de la production en couleurs La Glorieuse Aventure, a accompagné la parution de cette bande sur les écrans de Bruxelles. Aujourd’hui, le Filmparlant — troisième membre de cette trilogie technique, dont la synthèse fera un jour du cinéma le plus fidèle facsimile de la vie, est l’objet d’une étude succincte.
L'idée de prêter la parole aux images animées est aussi vieille que ces images mêmes. Le rapprochement des deux inventions — phonographe et lanterne magique — devait naturellement faire naître le désir de les combiner entre elles.
Problème d’apparence simple, auquel s'attachèrent nombre de chercheurs, tôt déçus par la difficulté longtemps insurmontable d’arriver à un synchronisme parfait entre les deux mirages de vie: la reproduction de ce qui se voit et la reproduction de ce qui se dit.
C’est que, pour être effectués nettement, les
enregistrements phonographiques exigeaient que la distance restât très courte entre la bouche de l’orateur et le pavillon du phonographe. Devant le besoin de conserver ce court espace, il devenait impossible de « tourner » le personnage, autrement que dans la position immuable, devant le cône de l’appareil récepteur. De là, nécessité absolue de perfectionner tout d’abord la sensibilité du phonographe, de telle sorte que l’enregistrement pût se faire à des distances variables et sans exiger du parleur une position fixe.
Quelques années avant la guerre, il sembla un moment qu’Edison lui-même eût découvert un moyen infaillible d'obvier à cet inconvénient; mais il faut .admettre que l’invention du grand savant d’Amérique n’était pas au point puisque le silence s'est fait sur cette partie de ses travaux. La solution la plus intéressante du problème, et en tous cas la première en date, est celle de M. Léon Gaumont, qui sut la mettre en pratique il y a plus de dix ans; des discours furent prononcés devant diverses assemblées; des pièces de théâtres semblablement filmées et parlées, furent les premières manifestations pratiques de cette invention di* grand cinégraphiste français.
Nous ne nous attarderons pas à faire l’historique des travaux qui conduisirent le maître au but de ses efforts, depuis la construction habile, mais incomplète de ses phono-scènes, jusqu’au Filmparlant, qui est à ce jour le dernier perfectionnement de l’invention.
Quelques explications techniques — que nous tâcherons de rendre aussi claires que faire se peut — sont nécessaires ici, pour montrer à grands traits comment s’orientèrent les patientes recherches de M. Gaumont.
La nécessité de disposer le phonographe reproducteur auprès de l’écran sur lequel est projetée l’image cinématographique, alors que l’appareil de projection en est éloigné, créait presque l’obligation de demander à l’électricité le moyen de relier
M. Leun vjaumont.
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12 synchroniquement les deux appareils. D’autre part le phonographe devait nécessairement conserver une vitesse constante, égale à celle du disque pendant l’enregistrement, de façon que la hauteur du son reproduit soit la même que celle du son enregistré. Il était donc naturel de faire dépendre le mouvement du ciné de celui du phonographe.
Enfin, il faut admettre qu’accidentellement il peut se produire de petits décalages d'un de ces mouvements par rapport à l’autre, décalages qui nécessitent une correction éventuelle. Or, pour la même raison (nécessité de conserver au phonographe sa vitesse uniforme), on ne peut agir, pour la correc-- tion, que sur le mouvement subordonné de l'appareil de projection. C’est donc encore par des dispositifs électriques que l’on devait arriver à réaliser ces corrections.
Deux petits moteurs électriques, à peu près de même puissance, construits pour marcher sur courant confinu, sont donc branchés en dérivation sur une même source d’énergie électrique. Mais les induits (*) de ces moteurs sont subdivisés en un même nombre de sections, et les sections de l’un des induits sont reliées chacune à une section de l’autre induit et dans le même ordre. De la sorte, le premier des induits ne peut tourner d’une certaine quantité sans que l'autre se meuve d’un même déplacement angulaire.
Si, dans de telles conditions, le premier induit conduit le phonographe et le second le cinématographe et que les relations de vitesse entre les moteurs et les appareils aient été choisis tels que le déroulement de la bande ait, par rapport au disque, la même vitesse que pendant l’enregistrement du son, on comprend que le synchronisme soit réalisé.
Il est bien entendu, d’autre part, que la prise de vue aura été faite enjmême temps que l’enregistrement des sons, les deux appareils (de prise de vue et de réception du son) ayant été reliés synchroniquement d’une manière analogue.
Au moment de dérouler la bande, pour la projeter à l’écran, il sied évidemment — pour obtenir une synthèse absolument synchrone — de placer la première image dans la fenêtre de l'appareil projecteur en même temps que l’aiguille du phonographe est posée à la naissance du sillon.
D’autres détails de construction seraient intéressants à décrire; bornons-nous à citer le rhéostat, qui agit simultanément sur la vitesse des deux appareils et permet de retrouver le temps de l'enregistrement; le tableau dit « chef d'orchestre », placé à portée de main de l'opérateur, et qui réunit les organes de commande et de réglage. Quant au phonographe, il comporte deux plateaux, automatiquement commandés pour assurer une marche continue d'une durée indéterminée; de la sorte, rien n'empêche de représenter, par exemple, une
pièce complète, même sans arrêt entre les actes, car les artistes projetés sur l'écran n’auront besoin que d’une infime fraction de seconde pour changer de costume, tandis qu’il n'en faudra pas davantage aux machinistes pour changer le décors...
Il y a vingt autre"- avantages qui font que le théâtre filmé 1’emporiv.ra sur « les planches », avantages que la fantaisie ou les possibilités entrevues par chacun, grossiront à souhait.
Mais la réalité qui nous sera bientôt offerte est assez belle, et l’imagination ne fera pas éclore de plus merveilleux mirage que celui que saluera demain notre enthousiaste admiration, quand l’écran sera le miroir où se reflète la vie totale, avec sa couleur, son relief et sa voix. (
MARNIX.
CINÉMATÉ - CINÉMATO
Un jour, mon ami Mathéo
Me dit: « Je m'en vais voir Mathot.
Et Mathé au '
Cinémato.
Peut-être prendrai-je du thé Pour mieux voir au Ciné Mathé:
Ce sera le cinéma-thé;
Peut-être n’en prendrai-je pas:
Ce sera le ciné pas-thé.
Mais en tout cas.
Pour pnieux voir au ciné. Mathot,
Je veux être au cinéma tôt.
Il est si beau,
Mathé,
Du ciné Pas-thé!
Il est si né.
Mathot,
Pour le cinémato.
Que j'en suis maté.
Quelle salade, ah! quel pâté!
Pour moi, j’en suis tout épaté:
Dans ma tête, ces mots se gravent:
« Est-ce Mathé,
Si ce n’est Mathot?
Cinéma-thé,
Ciné pas-thé.
Ou bien cinémato...
Graphe? »
MÉRONNE.
(Le Canard Enchaîné)
(*) On nomme "induit„ dans la machine-dynamo, la pièce à laquelle le champ magnétique fait naître le courant.
= NOS ENQUÊTES
Le Cinéma scolaire. — A l’Exposition d’Anvers
La ville d’Anvers vient d’avoir une initiative intéressante. Elle a organisé, dàns les locaux de sa salle des fêtes, une « Exposition du matériel scolaire », qui est bien, ou nous nous trompons fort, la première réalisation de ce genre en Belgique. Et pour un coup d’essai, ç’a été un coup de maître. Tous les journaux en ont parlé. Tous les éducateurs du pays — ceux, du moins, qui s’intéressent à l’état actuel de leur science, ou de leur art, comme on voudra — se sont rendus dans la métropole à cette occasion. Judicieusement conçue, l’exposition montait, par des -tableaux, par des modèles, tout ce dont on dispose aujourd'hui pour rendre l’école agréable et jolie, pour enseigner efficacement l'amas de connaissances jugées indispensables, pour nantir l’enfant de savoir, tout en cultivant son goût. Les sections de « l’Art à l’Ecole » et de « l’Enseignement spécial » ont été particulièrement remarquées. Et l’on peut être assuré que l’exemple d'Anvers provoquera, dans les autres villes de Belgique, une émulation qui ne pourra qu’être extrêmement utile pour la formation rationnelle des petits bonshommes d’à présent, les producteurs de demain.
Une observation, pourtant. Dans un coin de l’une des salles, on pouvait voir une table sur laquelle s’alignaient, modestement, trois appareils de projections cinématographiques. Ces trois appareils, auxquels n’était jointe, d'ailleurs, aucune explication, c'était la section du cinéma. On conviendra que c’est peu, et que le cinéma éducateur méritait plus de soin dans une exposition comme celle-là, qui montrait, par ailleurs, avec un grand luxe de détails, les derniers perfectionnements apportés dans « l’outillage » de l’éducateur. Ce qu’il aurait fallu, c’est une salle complète, montrant, au moyen d’exemplaires de publications cinématographiques spécialisées dans l'enseignement, telles que le Cinéopse, en France, au moyen de tableaux, de diagrammes et autrement, montrant, disons-nous, tout ce que le cinéma peut faire, pour aider le maître, dans les différentes branches de l’enseignement. Et puisque aussi bien l'exposition s’accompagnait de conférences-promenades, il aurait fallu consacrer plusieurs de ces conférences au film éducateur, avec projections à l'appui. L’exposition d’Anvers y eût gagné en intérêt. Elle eût ouvert les yeux, sans doute, à ceux — et ils sont nombreux dans l’enseignement — qui ne veulent pas voir encore la place que le cinéma est appelé à prendre, par la force des choses, dans nos écoles.
Notre récente enquête sur le cinéma scolaire a montré combien nous sommes en retard, dans ce domaine, sur d’autres pays, tels que l’Amérique, la Hollande, l’Allemagne, et même la France, où pourtant on se plaint également du peu d’efforts déployés par les pouvoirs publics dans l’utilisation de
l’instrument didactique le plus parfait que l'on con-nisse. Chose, curieuse, c’est notre pays qui, avant la guerre, s’était engagé l'un des tout premiers dans la voie nouvelle. Et encore en 1920, M Léon Riotor, conseiller municipal de Paris, qui mène campagne en faveur du cinéma scolaire, était chargé d’une mission en Belgique et en Hollande pour y étudier cette question et faire rapport au ministre de l’Instruction Publique. Depuis lors, que de chemin parcouru... par nos voisins du Sud!
M. Riotor rappelle précisément, dans le Cihéopse du 1er septembre, que la ville de Paris a réalisé: 1° le cinéma à l’école; 2° le recensement des films d’enseignement et la création de la cinémathèque; 3° la création d’une commission municipale d’études, de surveillance et de contrôle du cinéma scolaire.
La création des archives cinématographiques historiques de la ville de Paris, avec étude des moyens propres à en assurer la réalisation, a été également votée, dès le 11 mars 1921, par le conseil municipal.
Enfin, des 20 au 24 avril dernier se tint au conservatoire des Arts et Métiers de Paris, avec l’appui moral et matériel de la capitale française et du département de la Seine, le Congrès du Cinématographe appliqué à l’enseignement et à l’orientation professionnelle. Au cours de ce congrès, dont nous avons enregistré les résultats, eut lieu une exposition dont les organisateurs de l’exposition anversoise du matériel scolaire auraient pu aisément s’inspirer.
Chez nous, qu’existe-t-il, en réalité? Au ministère des Sciences et Arts, des projets, des projets dont on avoue qu’ils resteront... des projets pendant longtemps encore, pour des raisons budgétaires. A Bruxelles, une salle de projection, où les classes sont conduites à tour de rôle, et qui dispose d’une centaine de films. Pour ce qui est du film documentaire, nous devons nous contenter de celui que fabrique le service cinématographique de l’armée. C’est-à-dire que, exception faite des films de la guerre et de l’armistice, qui garderont un intérêt puissant, l’histoire actuelle de la Belgique, telle qu’on l'enregistre à l'intention de nos petits-enfants, consistera surtout en revues militaires...
C'est tout cela qu’il fallait dire, sur cette question essentielle du cinéma scolaire, à propos de l’exposition d’Anvers, qui représente, pour le reste, un si louable effort.
Terminons en émettant le vœu que la proçhaine exposition de matériel scolaire, à Anvers ou ailleurs, assigne au cinéma la place importante qui lui revient, et que bientôt un congrès, semblable à celui de Paris, réunisse nos éducateurs dans la recherche d’un programme d’action, net, clair et cohérent, sans quoi nous ne cesserons de marquer le pas.
FRED.
14
THEUNISERIES
Tandis que Lloyd George élabore Conférences de sa façon;
Tandis que les fils du Bosphore Donnent aux Grecs une leçon;
Tandis que Guillaume convole Et se prépare à devenir Un jeune marié bénévole Sans souci du sombre avenir.
Notre Theunis, charmant ministre. Songe là-bas, à Lugano,
A quelque œuvre horrible et sinistre: — « Les impôtsI Rien que des impôts! 1
» Je vous ferai casquer, que diantre, Militaires ou bien civils:
Puisque de tous côtés l'on rentre.
Mes chers impôts rentreront-ils?,..
» Je sais bien qu'il est téméraire De s’attaquer au pauvre argent:
L'on me nomme: « l’impôt-pulaire », Mais quoi? Mes besoins sont urgents!
» Ils entreront tous dans la danse.
Et les traîtres en liberté Me solderont leur im-potence:
C'est toujours cela de gagné!
» Et tels certains fonctionnaires Que Henin tarabuste en vain Voudront certes me satisfaire En me payant l’impôt-de-vin.
» Oui, jeunes ou vieux, qu'on le sache, Viendront me verser sans retard:
Les collégiens: l’im-potache.
Et les pharmaciens: l'im-potard!
» Quant aux tireurs, c’est impossible.
Et j’en suis, ma foi, morfondu.
Car il est vrai qu’à l’impôt-cible.
Bien malgré moi, nul n’est tenu.
» Les engins les plus" domestiques.
Je vais les imposer aussi.
Mais il serait impolitique De vouloir créer l'impôt-lit 1
» Enfin, si j'entends un murmure Au banc de certain député.
Je le taxerai d’imposture Car seul je suis l'impollué!... »
Pendant qu’il s’use la cervelle A vouloir nous grever ainsi.
Son grand concurrent muni d'ailes Cause au ministre des soucis:
Par ces soirs d'automne au teint mauve. Quand les congés sont révolus.
L’amour prélève dans l’alcôve Un impôt sur les revenus 1
JEAN VELU.
L'opinion de notre compatriote, Jacques Feyder, sur la question des scénarios
Notre compatriote Jacques Feyder, le réputé metteur en scène du filin tiré de 1’« Atlantide », de M. Pierre Benoît, a dit à un rédacteur de la « Cinématographie Française »:
« Dans la pratique, il est indiscutable qu’un film tiré d’une œuvre littéraire déjà célèbre, bénéficie d’un très grand avantage. Commercialement, je comprends donc la tendresse que tous les éditeurs' professent pour l’adaptation. Mais cette veine sera bientôt tarie.
» On a déjà mis à l’écran presque toutes les? œuvres à succès de la 'littérature des XIXe et XXe siècles. Quand on aura épuisé romans et pièces de théâtre, on sera bien obligé d’en venir exclusivement aux scénarios originaux. Là est l’avenir.
» Malheureusement, jusqu’ici, nous n’avons pu prendre connaissance que de scénarios informes, sortis de l’imagination en délire de gens dépourvus de culture générale et ignorant complètement la technique de l’écran.
» Cependant, une évolution se dessine; nos bons romanciers et nos bons dramaturges sa préoccupent de créer des scénarios conçus pour être interprétés directement à l'écran sans passer par le stade du roman ou de la pièce de théâtre, et les éditeurs eux-mêmes, quoique boudant encore un peu ces scénarios originaux, commencent à se rendre compte que l’avenir de la production cinématographique française est là et non ailleurs.
» A ce propos, les Allemands et les Suédois nous ont rendu quelques services, car ils nous ont montré des films dont certains, malgré des défauts très réels, ont prouvé que l’on pouvait exprimer cinématographiquement des idées nouvelles ou tout au moins employer des modes nouvelles pour les rendre intelligibles à l’écran.
» « Les Trois Lumières », « Torgus », « le » Cabinet du Docteur Caligari », nous ont été utiles à cet égard.
» L’important est que les éditeurs se rendent compte qu’ils doivent entrer très rapidement dans cette voie.
» On a souvent dit que les exploitants avaient causé le plus grand tort au cinéma. Eh bien, non, j’absous complètement les exploitants qui prennent ce qu’on leur donne; j’estime, au contraire, que ce sont les éditeurs qui ont retardé l’évolution du cinéma, qui ont causé sa stagnation et, par suite, ont lassé bien souvent le public par leur résistance à marcher dans la voie du progrès.
» Ainsi, un de mes amis, littérateur connu, M. Edmond P’ieg, a écrit cinq scénarios cinématographiques d’une perfection quasi-absolue au point de Vue cinégraphique. Un seul a été pris par une grande maison d’édition française. Encore n’a-t-il été réalisé qu’avec une pusillanimité qui lui ôte ses principales beautés.
» Dois-je vous dire que, contrairement à l’opinion qûe j’ai longtemps professée, j’estime que l’on attachera de moins en moins d’importance au scénario. J’ai écrit, jadis en substance: « Il n’y a pas d’ombre d’un film » à tirer de l'œuvre entière d’Anatole France.» Il se trouve aujourd’hui que je viens de faire 'ourner « Crainquebille ». Pourquoi? Parce que j’estime aujourd’hui que l’action, le mouvement dont on nous parle comme absolument nécessaires pour donner de l’intérêt à un film ne sont pas du tout indispensables.
» Plus on ira, plus on verra des films qui nous charmeront non pas par la succession rapide de scènes plus ou moins mouvementées, mais par des images délicates, artistiquement réalisées et auxquelles on se complaira comme on se plaît à la lecture de certaines œuvres où l’intrigue est ténue, mais où les commentaires, les vues ingénieuses, le style délicat forment une dentelle légère.
» Les œuvres d’Anatole France, par exemple?
»— Précisément. Du moins j’espère en avoir fait la démonstration en donnant tous mes soins à cette chose délicieuse, à ce bijou littéraire qu’est « Crainquebille ». »
POLÀ NEGRI
Voici quelques notes biographiques sur Pola Negri, la grande artiste internationale qui est arrivée, grâce à son talent et à sa ténacité, à se classer parmi les plus grandes vedettes du cinéma du monde entier. Au moment où le public français va être appelé à voir cette artiste, il nous a paru intéressant de publier ces notes, qui sont écrites par Pola Negri elle-même, ce qui leur donne une certaine saveur, et auxquelles nous ne voulons rien changer:
« En sortant à quatorze ans de l’école de danse impériale de Petrograd, je fus prise d’un désir ardent de me lancer dans la comédie. Après deux années d’études, je fus engagée au Petit Théâtre de Varsovie. Ma vocation artistique me poussait alors vers le
drame, j’avais un fort, penchant pour la pantomime tragique que j’interprétais avec un réel plaisir. J’avais créé, avec un gros succès, le rôle de « Hannele » de Gérard Hauptmann. Un an après, j’étais engagée au Théâtre de Ja Cour. Mon premier rôle à ce théâtre fut celui de la danseuse noire dans la pantomime « Sumurun ». Le vœu que je formais depuis longtemps de me consacrer à la pantomime devint, grâce à ma réussite dans cette œuvre, une résolution bien arrêtée.
» J’eus alors l’idée d’écrire pour l’écran un drame dans lequel je voulais débuter comme artiste cinématographique. La réussite fut complète: mon apparition dans ce premier film me lança en Russie et en Pologne. J’obtins de nombreuses propositions pour la Russie, mais je ne pouvais me décider à abandonner complètement le théâtre. J’exerçai mon métier en partie à la scène et en partie à l’écran jusqu’à l’entrée des Allemands à Varsovie.
» L’industrie du film était alors dans son enfance chez nous. J’étais forcée d’écrire moi-même le scénario, de jouer moi-même le rôle principal et de remplir les fonctions de régisseur. Il fallait aussi que je m’occupe de la mise en scène, de remplacement des -meubles, et à mesure que le film était tourné et développé, c’est moi qui coupais et collais la pellicule, avec une patience que je n’aurais certainement plus aujourd’hui.
» Mais pourquoi travailler en petit, puisqu’n Berlin, l’industrie' du film avait pris une place prépondérante? Si je pouvais arriver à m’y faire engager, je n’aurais plus à m’occuper de toutes ces fonctions fatigantes et complètement étrangères à mon art.
» J’arrivai donc à Berlin avec Max Reinhard pour reprendré le rôle de la danseuse de « Sumurun », qui me valut un succès au moins égal à celui que j’avais remporté à Varsovie. Ma chance me mit alors sur la route du génial Ernest Lubitsch et m’apporta enfin La réalisation de mon vœu le plus ardent: ne plus travailler que pour le cinéma.
» Le film exige le sacrifice le plus complet: je -me suis mariée jeune; mon mari est à Sos-now-ice et moi je suis artiste de cinéma à Berlin! »
Pola Negri a, en effet, épousé en 1919, le comte • jgène Do mb ski, commandant de la ville de Sosnowice, et porte officiellement le titre de « Comtesse Apollonia Dombska ». Mais son mariage n’a rien changé à son tempérament artistique, et, après comme avant, Pola Negri appartient avant tout à son art.
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ROYAL - ZOOLOGIE CINEMA
CHOUCHOUTE
Dans la ferme du Comté de Radford où les (( sans famille » sont employés aux travaux agricoles, vivent deux déshérités: George et Mary qui furent recueillis jadis après une catastrophe de chemin de fer. La Directrice de la ferme, Mademoiselle Hellen Treadwell cache un grand cœur sous une rudesse de commande; elle aime tous ses petits pupilles, mais scs deux favoris sont George et Mary qui furent ses premiers enfants adoptifs.
Mais un jour, le Comité de Direction trouvant Mademoiselle Treadwill trop douce la renvoie pour mettre à sa place Monsieur et Madame Reese, qui se promettent d’employer de J i’ tout autres méthodes pour administrer la férir r me. Et, en effet, Madame Reese commence par *5 J, tuer Chouchoute, une bonne mère poule qui J J était tout ce que Mary possédait ap monde.
J I* Révoltés par la cruauté inutile de Madame i° s* Reese et comprenant bien que la vie ne sera *5 *, plus tenable longtemps à la ferme avec les j ja nouveaux règlements, Mary, George et un de ij I* leur bons amis surnommé « I,e caporal » déci-t r dent de s’enfuir.
J ji Après trois jours de marche, ils sont recueil-
Ïs> lis par le général Peter Birman, un héros de la i grande guerre de Sécession, qui perdit jadis as oa son fils, sa bru et son petit-fils dans un acci-
ÏJ sj den de chemin de fer. Ee Caporal laisse ses J deux petits amis sous la protection du Général ji J qui a près de lui son neveu Philip Willing, ac-?? compagné de sa femme Madge; tous deux for-? ment un joli couple cupide et sans cœur qui, S ji convoite l’héritage de l’oncle.
Jp f Un jour, en furetant dans une grenier, Mary 1 2 2 et George font une découverte de la plus haute ' . % "g importance; ils apprennent que, selon toute, V ji probabilité, George est l’enfant que l’on croy- • J a* ait tué dans la catastrophe.
? 2 En effet, en confrontant certaines dates et jp J, certains détails, l’officier acquiert la certitude,
Îjt que George est son petit-fils; et, à la grande . a* fureur de son neveu qui parle de le faire in- ’ 2 i| terdire, le général adopte l’enfant.
J j, Mais, dans son bonheur, George n’oublie pas, J 8« sa petite amie et il se promet bien d’épouser .? 2 sa fidèle petite Mary aussitôt qu’il sera en âge • •, J de pouvoir le faire. ‘
Prop«« iin; au Il IlflVflllIlIC Ffopimiia van 5 lui 9 ïevemUcr
1. Marche hongroise . . • x- M i 1. ( igaarsche march . . X.
2. Oh! Les Hommes 2. 0! De Mannen
Vaudeville en 5 part, interprété par Eileen Blijspel in 5 deden vertolkt door Eileen
PERCY. PERCY.
3. Le Moulin de la Forêt ; R. Eilenberg 3. De Molen van het . . R. Eilenberg
noire (idylle; zwarte woud (idylle)
4. OH! LES HOMMES 4. 0! DE MANNEN
5. Cavaleria rusticana . P. Mascagni 5. Cavaleria rusticana . . P. Mascagni
(Fantaisie) g|p ( (Fantasie)
6. Chouchoute 6. Chouchoute
Comédie sentimentale en 6 part, avec Olive Hartroerend lóoneetspel in 5 deelen met
THOMAS dans le rôle principal. 1 Olive THOMAS in de Hoofdrol.
7. Andante religioso . . F. Crjv""els 7. Andante religioso ... F. Crouwels 1 oor Cello, Orgel en Orkest.
pour Cello, Orgue et Orchestre. I
Solistes: MM. Valider GROEN, W. DELATIN Solisten: MM. Vander GROEN, W. DELATIN
8. CHOUCHOUTE 8. CHOUCHOUTE
SEMAINE PROCHAINE LE GRAND FILM D’ART
LA BONTÉ QUI PLEURE
Drame des batailles de la vie en 7 “Fanny Herself,, avec Mabel
parties d'après la célèbre nouvelle de Edna Fcrber Julienne SCOTT dans le rôle principal.
CHOUCHOUTE
In de hoeve van het Graafschap Radford, waar de « ouderloozen » gebruikt worden aan den veldarbeid, leven twee onterfden van het lot: George en Marie, die een werden opgenomen, na een spoorwegramp. De bestuurster der hoeve, Jufvrouw Hellen Treadwill, verbergt achter een schijnbare ruwheid een hart van goud; zij heeft al. de kleine ongelukkigen lief, maar vooral George en Marie, die haar eerste pleegkinderen waren.
Maar op zekeren dag vindt liet Hooger Bestuur Jufvrouw Treadwill te zachtmoedig; zij wordt weggezonden en in haar plaats komen Mijnheer en Mevrouw Reese, die de hoeve op onverbiddelijke hardvochtige wijze willen beheeren. En om te beginnen doodt Mevrouw Reese de hen Couchoute, die voor Mary alles was wat zij nog op aarde bezat. Door die nuttdooze ruwheid van Mevrouw Reese komen zij in opstand, maar zij verstaan ook dat het leven in de hoeve voortaan niet meer dragelijk zal zijn en zij besluiten — Mary, George en een goede vriend, bijgenaamd «de Korporaal» — te vluchten uit het onherbergzame huis.
Drie dagen lang dooien zij rond, tot zij opgenomen worden doof' Generaal Peter Birman, een. held van den on af h ankel i j k scorl og, die vroeger zijn zoon, zijn schoondochter en zijn kleinzoon in een spoorwegramp verloor. De Korporaal laat zijn twee kleine vrienden onder de bescherming van den Generaal, die bij zich heeft zijn neef Filip Willing, vergezeld van zijn vrouw Madge, een harteloos koppel zonder eenig zedelijkheidsgevoel die slechts de erfenis van hun oom najagen.
Op een dag doen Mary en George, op den zolder, een ontdekking van het grootste belang: zij vernemen dat, naar alle waarschijnlijkheid, George het kind is dat men in het spoorwegongeluk gedood waande.
Inderdaad de officier gaat datem en bijzonderheden na en zoo krijgt hij de zekerheid dat George zijn klein-zoon is, en niettegenstaande de woede van zijn neef, die alles in het werk stelt om het te verhinderen, neemt de generaal het kind bij hem op.
Maar in zijn geluk vergeet George zijn kleine vriendin niet en in de uitbundigheid van him jeugd maken zij gulden toekamstdroomen.
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